Grande Nav solo !

le 2 juin

Nouvelle étape : la grande nav solo. 150 NM (280 km) minimum avec atterrissage complet sur 2 aérodromes différents du point de départ, manière alambiquée de dire un triangle. Après avoir étudié quelques triangles de la bonne taille au départ de Chavenay, mon choix s'arrête, avec l'accord de mon instructeur, sur Chavenay - Amiens - Rouen - Chavenay.

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Ça fait déjà un petit moment que j'étudie la carte, que je trace la nav sous Navigation. Cette fois, ça y est. C'est pour samedi. Je réserve un créneau de 3 heures l'après-midi, histoire de ne pas être pris par le temps.

Mon FI ne sera pas là samedi pour me border dans l'avion alors on se trouve 30 minutes vendredi soir au boulot pour contrôler la préparation de ma nav. Pour la branche Chavenay-Amiens, ça devrait aller : on a fait Beauvais il n'y a pas très longtemps. Et c'est exactement à mi-chemin et il y a 2 VOR en route. Amiens-Rouen, c'est la cambrousse. J'ai pris l'option sans VOR, pour faire plus compliqué. Mon instructeur me suggère de quand même garder le VOR de Rouen sous la main au cas où... Enfin Rouen-Chavenay, c'est du connu dans l'autre sens et la Seine devrait être là :-) Derniers conseils et bon vol demain !

Samedi, réveil matinal. Je classe mes cartes et contrôle les NOTAMs et la météo. Côté NOTAM, pas de surprise : aucun terrain fermé ou autre mauvaise blague. La météo, en revanche, n'est pas super engageante... Les prévisions Météo-France pour l'après-midi sont bonnes mais celles des terrains sur ma route sont pour le moins brumeuses pour l'instant... La veille, j'ai déjà imprimé une palanquée de cartes VAC sur les côtés de ma route Montdidier, Albert Bray, Abbeville, juste au cas où je devrais me poser ailleurs. S'il y a un problème à Amiens, je pousserai s'il fait beau jusqu'à Abbeville, histoire de faire mes 150 nautiques.

J'arrive à ma cantine préférée à Bertin, histoire de faire le plein d'énergie. Mon avion est là, décapoté. Nan, c'est pas un DR400 cabriolet. C'est le capot moteur qui est déposé... Je me renseignerai... Un coup d'oeil rapide dans le hangar. Hum... le chef-pilote n'est pas là et c'est lui qui aurait dû me signer mon carnet de vol. Je ne me stresse pas plus que ça. Au pire, je ferai venir mon instructeur juste pour ça. Finalement, un autre FI arrive pour un test PPL. Je négocie la signature avec lui après qu'il a épluché mon carnet de progression. Dernier conseil : ne pas traîner des fois que les cumulus ne se transforment en cumulonimbus.

Reste la question de l'avion. BJ a donc les tripes à l'air : je vais voir le mécano qui me fait voir les 8 bougies de l'avion. Bon, ça sera HX qui est libre, heureusement.

1ère branche : Chavenay-Amiens

Après avoir rempli à ras bord le réservoir, histoire d'être tranquille, je décolle juste derrière un des Nord Construction du terrain. Bel avion, mais qu'il est lent ! Je le rattrape assez vite, dois déjà contacter Pontoise pour passer chez eux mais je suis dans le sillage du Nord... Un 360 pour le laisser s'éloigner et avoir le temps de causer dans le poste. Ça commence fort !

NC 858 S

Je suis autorisé à transiter à 2500 ft dans la TMA de Pontoise. Quelques messages radio attirent mon attention : des pilotes signalent un parapente dans la zone. J'entends qu'il est assez bas mais je ne parviens pas à comprendre dans quel coin il se trouve. J'ouvre l'oeil un peu plus. Il y a du monde comme d'habitude. Le contrôleur me fait une double information trafic : deux avions convergents perpendiculaires à ma route, sens opposé. Ça va, ils sont en dessous de moi, ils se débrouilleront pour se croiser :-) Enfin, j'aperçois le parapente sur ma droite, peut-être 1000 ft plus bas. Je le re-signale à la radio. Le contrôleur me dit qu'il a déjà appelé la gendarmerie. Je sais bien, j'ai entendu les messages radio mais des fois que ce ne soit pas le même...

Je quitte la fréquence de Pontoise pour passer avec Beauvais : Beauvais de Hôtel X-Ray, un DR400 de Chavenay à Amiens, blabla, libéré par Pontoise et tombe sur un contrôleur taquin qui rigole Ah, ça y est ? Il vous ont libéré ?. Re-code transpondeur et je demande confirmation de l'altitude pour mon transit, ok pour 2500 ft. J'entends en anglais le vol Ryanair se préparer au parking pendant qu'un autre avion subit l'humour décapant de l'homme au micro. Fox Truc, bonjour, au parking pour décoller — Vos intentions ? Pour aller faire vos courses ? Blam, dans les dents. A mon tour, HX, confirmez 2500 pieds ? — Affirm, HX. Au moment où je vais passer verticale du VOR de Beauvais, donc couper l'axe de la piste, re-confirmation... Affirm, 2500 pieds QNH 1020 aux 2 altimètres. Bizarre... Je me demande si l'alticodeur du transpondeur n'a pas un peu merdé... La sortie de la zone est facile avec l'autoroute sur le côté et deux champs d'éoliennes sur la route.

Amiens se dessine à l'horizon. Je répète mon scénario d'intégration : un circuit au sud sur la piste en herbe, un autre au nord sur la longue piste en dur. Au briefing avec mon instructeur la veille, il m'avait recommandé la piste en herbe en cas de vent ou juste si je ne voulais pas me prendre la tête. Je m'annonce à 3 minutes de la verticale du terrain quand j'aperçois d'un coup un planeur qui évolue au-dessus du terrain. Je me rappelle d'un coup que j'avais vu, la veille sur le site de l'aéroclub d'Amiens, qu'il y avait une grosse fête sur le terrain. Il va y avoir du monde en l'air donc. J'élargis mon approche vers la verticale et opte pour le circuit nord plus tranquille. Je roule pour le parking mais où me garer... Tout au fond, des barrières pour contenir la foule (si, si, ils avaient pas mal de public !) qui m'acclame (euh non, je m'enflamme, là). Je choisis un bout d'herbe devant un hangar puis me ravise pour un autre.

Je coupe tout et ouvre la verrière. Et... une violente odeur de lisier envahit le cockpit surchauffé. C'est la campagne :-) Debout sur l'aile, je comprends mieux en regardant l'herbe sous l'avion. Les moutons doivent envahir le terrain de temps en temps pour tondre et, par la même occasion, semer un peu d'engrais.

C'est samedi, l'AFIS est absent. Pourtant, il aurait eu du boulot avec les avions qui décollent aujourd'hui. Je suis donc pour la première fois de l'autre côté de la barrière à un meeting :-) J'avise un moustachu dont les attributs (radio, casquette et gilet fluo) me le désignent comme le GO de la manif, à la recherche du coup de tampon souvenir sur le carnet de vol. Un jeune BB retourne pour moi le bureau des instructeurs. Rien. Le trésorier à la buvette me délivrera ! Je jette un coup d'oeil rapide aux Piper et autres vieux avions exposés.

2ème branche : Amiens-Rouen

Prévol rapide. Je redémarre et, briefé par l'homme au gilet jaune, roule pour le point d'arrêt. Les avions vont et viennent, enchaînant les baptêmes. Je me mets à l'écart sur une boucle du taxiway pour faire mes essais moteurs et checks tranquillement sans stresser, ni gêner. Une accalmie dans le trafic, je pénètre la piste pour la remonter et faire demi-tour pour décoller. Comme un avion s'est annoncé en vent arrière, j'expédie un peu le roulage sur la piste. Décollage, fuyons !

Petit cheminement par la rocade et premier point tournant : la barre de péage. Prise de cap et c'est parti pour la 2ème branche sans vraiment de point caractéristique. Je repère mes petits étangs, pense avoir un peu dérivé, reprends mon cap. Petite suée : le moteur ratatouille un peu. Oh, trois fois rien, genre un pouf et un peuf. Pompe, plein riche, essence; régime. RAS...

Je vais écorner la zone de Beauvais pendant quelques nautiques et les recontacte donc. Lorsque le contrôleur me demande ma position, je suis bien embêté... Pas un nom sur la carte. Je baragouine quelque chose comme en sortie de zone. Pas tout à fait en fait, mais je dois l'embêter plus qu'autre chose et je peux quitter la fréquence.

Je décide d'appeler un peu après Rouen, histoire d'être en contact au cas où. Je m'estime travers sud de Forges-les-Eaux. La réception avec Rouen n'est pas terrible... Je me fais répéter trois fois le code transpondeur. Je continue sur mon cap en appréciant les petites collines et les bocages en dessous, tout en maugréant du peu de repères... HX, votre position ? Petit calcul, réflexion, euh, comment vous dire, maintenant, je suis vraiment à Forges-les-Eaux. Bouh... Je n'avais pas vu qu'il y avait deux voies de chemin de fer, que 10 minutes d'avance par rapport à mon estimée aurait dû me faire réaliser que je n'étais pas où je disais. Bref, je suis recalé et j'ai de toute façon pris la décision de tirer droit sur le VOR. Balise que je vois d'un coup en bas dans un pré.

HX, rappelez en vue du terrain Cette bonne blague, difficile de rater la piste de 2 km alors que je suis encore à 10 km. Je me pose, m'applique pour pouvoir sortir à la 1ère bretelle. Pas de chance, c'est le point d'arrêt pour les avions qui vont partir. Je continue et après avoir demandé le roulage pour un coup de tampon HX, tout droit et 2ème à gauche. Première fois que l'on me dit par où je dois circuler au sol, comme chez les grands :-) HX, le terminal, c'est le machin moche au fond à côté de l'avion Air France ? — Oui, Monsieur.

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Bonjour, Madame, c'est pour un coup de tampon sur mon carnet ! — Pas de souci, c'est 10 € Aaaargh... J'aurai posé mes roues, garé l'avion 20 minutes le temps de boire un bon verre d'eau fraîche et me voilà détroussé...

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3ème branche : Rouen-Chavenay

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Je suis tout seul sur le parking désert. L'ATR a toutes ses flammes, l'aérogare était pour moi tout seul. Petite photo souvenir et je redécolle en 04. HX, votre secteur de sortie ? Ooops, pas trop préparé ça mais ça sera Sierra, comme la dernière fois, les écluses sur une boucle de la Seine en surveillant un planeur qui enroule une thermique. Les militaires d'Evreux sont de repos et le répondeur automatique me débite sa litanie. Je me signale en auto-info sur la fréquence. Je transite en coupant les méandres de la Seine. Déjà Vernon et son barbecue géant (flamme d'hydrogène invisible). C'est là que j'aurais dû quitter la fréquence, mais je n'en suis plus vraiment sûr après coup... peut-être un peu préoccupé par l'horizon qui s'obscurcit au nord. Je descends un peu. Je ne suis plus qu'à 15 minutes du terrain, dans un endroit connu. Les cheminées de Porcheville s'élèvent devant moi. Heureusement car le dernier bout de scotch fluo sur ma carte se décolle complètement... avec mon trait dessus. Note pour plus tard : le trait sur la carte et le scotch dessus ! J'enroule la boucle de la Seine autour de Mantes et cap droit sur le terrain au 135. Je m'annonce de retour au bercail en passant Maule. HX, rappelez début de vent arrière 05. Je cogite un peu. Pour la vent arrière 05, il faut faire le tour par le nord, ce qui ne m'arrange pas trop et il n'y a personne dans le circuit. HX, c'est possible une semi-directe ? — Approuvé, rappelez 30 seconde base 05. Surveillez activité vélivole sur Beynes Pfff, j'en ai plein les ailes et fais mon boulet. (petite voix) Euh et un milieu de vent arrière alors ? C'est droit devant moi, et ça me facilitera le travail :-)

Posé, pas cassé après 2h45 de vol au compteur, pour un peu moins de 2h réellement en l'air. Le roulage à Amiens et son meeting, et à Rouen m'a coûté cher. Mais qu'est-ce que je suis content d'avoir fait ce voyage !

Chavenay - Amiens - Rouen - Chavenay