Morpion d'aéroclub

Comme on ne change pas une équipe qui gagne, je me pointe au terrain à 10h30... dans la brume, 3 ou 4 km de visibilité. Il paraît que c'est à cause de l'horaire d'été. On a deux heures d'avance sur le soleil, donc il n'est que 8h30 en fait et la brume fait encore la grasse matinée... La veinarde ! Elle pourrait quand même respecter ceux qui se lèvent "tôt" ! C'est reparti pour une matinée de hangar flying, comme ils disent. La semaine dernière, j'en avais profité pour poser tout un tas de questions à mon instructeur, questions qui tombent toujours au mauvais moment dans l'avion ou quand je bouquine avant de sombrer dans les bras de Morphée. Ça fait du bien de mettre les choses au clair. J'en avais profité aussi pour sortir la carte et voir comment préparer certaines navigations (au hasard, celle que l'on fera le week-end prochain à L'Aigle ou Mortagne-au-Perche). Bref, je passe ce samedi matin au bar de l'escadrille à écouter les histoires des anciens. On réfléchit aussi aux sorties avec la section Aviation du boulot (Deauville, l'île de Wight, entre autres). Je m'invite à manger en attendant que le soleil promis pour la journée n'arrive. Je ne sais pas s'il y a beaucoup de club-house avec une cuisine mais il faudra que l'on pense à étoiler notre cuistot !

Enfin, il est temps de décoller pour Toussus, ou comment faire 45 km là où un oiseau en ferait 15. Au menu du jour, un peu de navigation avec le VOR de Rambouillet, trouver le point Sierra, point d'entrée dans le circuit de Toussus et gérer le trafic au-dessus du terrain avec ses deux pistes en dur. Un petit message incongru de la contrôleuse de Chavenay pour avertir que quelqu'un a perdu le contact radio avec son avion télécommandé qui erre donc quelque part en l'air pendant ses dix dernières minutes d'autonomie...

Cap sur RBT donc. L'aiguille est bien au milieu mais je me dis que j'aurais dû faire un petit calcul de dérive, pour ne pas chasser l'aiguille en permanence et voler droit. Un peu de trigo vite fait, et c'est décidé : 5°. Un petit terrain clôturé se détache au milieu des champs, c'est la radio-balise RBT, carrefour du sud-ouest parisien. Il faut ouvrir l'oeil : certains jours, des avions déboulent de partout.

VOR de Rambouillet

Rambouillet passé, il faut descendre à 1500 pieds pour ne pas emplafonner la zone-que-si-t-y-vas-t-as-plus-de-licence. Cheminement vers Toussus par la vallée de Chevreuse. Les routes sont sympas en moto, mais vu de là-haut, c'est pas mal aussi. Le château de Breteuil à votre gauche, un hélico jaune à votre droite qui passe en dessous de nous. "Tu le vois maintenant ?" Je me tords mais non, je l'ai perdu de vue.

Château de Breteuil

Puis vient Sierra et sa maison au toit rouge sur la colline, avant de rentrer dans le circuit de Chicago O'Hare Intl ou Los Angeles, je ne sais plus bien. Le contrôleur a un débit digne d'une mitraillette. Il faut tendre l'oreille pour ne pas rater le mot essentiel. C'est vrai qu'entre le trafic commercial, les hélicos et les petits gars comme moi, ça fait du peuple en l'air quand il fait beau. Toucher sur la piste gauche, je redécolle et au moment de virer à droite pour suivre le circuit, j'ai comme un doute sur la position de l'autre avion qui décollait à droite. Je ne vois rien de mon siège. Je demande à mon instructeur qui le voit et me fait secouer l'avion pour que je puisse le voir. Ah ouais, on peut le bouger comme ça l'avion aussi... Deux autres touchers avec toujours un peu de vent de gauche à gérer. J'oublie encore un peu de mettre du manche dans le vent pour empêcher l'avion de quitter l'axe...

Retour à la maison. La sortie du circuit se fait par le château de Dampierre, sur votre droite, puis l'abbaye des Vaux de Cernay.

château de Dampierre

Atterrissage à la maison après 1h10 de vol. A peine posé qu'un bruit de vibrations étranges apparaît. Je découvre le schimmy, vibration de la roue avant, parce que j'avais trop poussé le manche, au lieu de maintenir la roue en l'air...

Voilà, je suis arrivé à 10h30 et il est déjà 16h30... On a fait plus rentable comme rapport présence/temps de vol mais c'était loin de me déplaire. Je n'arrive pas à concevoir l'aéroclub comme un simple endroit où l'on vient prendre son avion et repartir comme un voleur.