Quand Eole pas content, lui toujours faire ainsi

Film : "Nav solo"
Scène : "Trop de vent", 2e prise
Moteur
Action !

Coup d'oeil à la météo, il fait beau. De ce côté, pas de souci. Mais un vent plus fort que la semaine dernière, avec toujours des rafales. Pour les mêmes raisons, piste en dur avec du vent de travers, ma nav solo est reportée (d'au moins 3 semaines, les vacances aidant). Il faut trouver un plan B : le plané avec le vent, bof. Je suggère les virages à grande inclinaison. "Si tu m'emmenais à Pontoise ? C'est un bon entraînement pour la radio". Je dépoussière vite fait un log de la fois précédente, sors ma carte, trace un beau trait avec ma planche de vol en guise de règle. Ça fera l'affaire. Pontoise avec ce vent est à 8 minutes de vol, ce qui occupe bien l'esprit. Décollage, prise de cap, déjà la Seine qui arrive et l'ATIS à écouter, appeler le contrôle, trouver le bâtiment rond qui fait office de point Sierra. Bonne surprise, la piste n'est pas la même que la dernière fois. Ça me fait travailler une nouvelle intégration et le contrôle est super cool. Pas un chat en l'air, on est autorisés à faire un tour de piste (réservé aux basés en principe le week-end).

Le retour de l'arrondi propre

Je m'applique, un oeil sur la carte, un oeil dehors. Tally-ho ! Visuel sur les silos qui symbolisent le dernier virage avant l'atterrissage. J'essaie de ne pas me faire surprendre par l'intégration en base. Préparation de l'avion, je suis sur le plan. La piste de 1500 m s'offre à moi. C'est deux fois la longueur de ma piste en herbe. Je vire en finale. Je dois inconsciemment repenser à mes derniers atterrissages assez moyens à mon goût. Je repense aussi à la remarque de mon instructeur dans la salle de briefing. "Tu te poseras sur l'axe de la piste, cette fois ?", m'avait-il dit en riant. Quelle mémoire ! Je n'ai plus qu'à m'appliquer. Je vise les chiffres 30 du seuil de piste. Un peu de vent, décrabage, manche dans le vent. Scritch, scritch. Je laisse un peu de gomme sur la piste. On repart pour un tour. Un avion qui s'annonçait en base s'entend répondre : "Vous êtes un peu loin quand même, non ?" Mais c'est pas grave, le contrôleur le considère quand même dans le circuit alors qu'il est à 3-4 km de là où il devrait. Alors je me retrouve n° 3 à écarquiller les yeux. Et d'un, et de deux. Il faut gérer l'espacement et rallonger le circuit en évitant les villages en dessous. Pas de trace GPS mais j'ai bien zigzagué. Re-scritch, je ne suis pas mécontent même si le passager de droite trouve toujours qu'il manque un peu de pied à droite.

Pontoise - Base 30 main gauche

Virages à 2G

Retour en terre connue vers Maule. On va faire un peu de pilotage maintenant. Petit briefing en l'air sur les virages à grande inclinaison. Rappel de la théorie : la vitesse de décrochage augmente avec le facteur de charge qui vient lui aussi de l'inclinaison pendant le virage en palier. Mes virages sont en général à 20-30°. Là, on va faire 45° puis 60°. Mise en virage, j'arrive aux 30° habituels et me force à atteindre les 45° en jetant un coup d'oeil à l'horizon artificiel. Le but du jeu n'est pas de tourner bêtement en rond, il suffirait de secouer le manche. Il faut aussi contrer le poids qui n'équilibre plus la portance en tirant le manche. Je ne m'en sors pas trop mal.

60° maintenant. Il faut se représenter l'inclinaison que ça donne et la tentation de ne pas rester constant à 60° est grande ! Surtout que les 2G se font bien sentir : la tête est lourde, ça tourne vite (20° par seconde), sur place (250 m de diamètre au sol !) et l'effort pour maintenir le virage en palier est réel. Je ne tire pas assez sur le manche et l'avion descend. Il faut faire attention car le virage engagé (virage en spirale descendante qui s'accélère) n'est pas loin. Un coup à gauche, un coup à droite. Il faudra revoir ça... En pratique, ça ne devrait servir qu'en cas d'urgence. Ce n'est confortable ni pour l'avion, ni pour les occupants.

OK, c'est bon pour aujourd'hui. "Tu nous ramènes." Facile, on vient de tourner en rond dans les sillons des champs. Un coup d'oeil au compas pour me repérer. Atterrissage sur l'herbe sans scritch, ça n'usera pas les pneus, comme ça. Je suis bien content de mon vol. J'étais assez déçu par mes atterrissages depuis quelques vols où j'avais eu l'impression de régresser un peu, sensation paraît-il normal et dans tous les bouquins de pédagogie. Je me rappelle de la même courbe avec un palier de stagnation, sans doute de digestion, dans le bouquin de moto.

Au programme des prochains vols, des navs un peu plus longues vers l'Aigle ou Mortagne. "Si tu sais aller là-bas, tu sais aller en Corse !" J'ai presque hâte d'aller voir le célèbre point MERLU.

MERLU - Calvi