Aux vaches
lundi 22 janvier 2007, 20:52 Avion Lien permanent
La semaine dernière, c’était Interruption Volontaire de Vol, c’est-à-dire atterrissage en campagne avec moteur. La leçon d’aujourd’hui, même topo mais sans moteur. En gros, application de la check-list toumarchemalavion[1].
Le vent est fort aujourd’hui. La manche à air est bien à l’horizontale. La tour passe 25 kt (45 km/h) avec des rafales à 35 (65 km/h), mais dans l’axe du décollage. Je me fais quand même un peu surprendre au moment où l’avion quitte le sol. On décolle comme une fusée. On passe la croisée des pistes (soit 300 m depuis le seuil) à une belle hauteur. Allez, tu m’emmènes dans le coin de Thoiry comme l'autre jour.
A la différence de la semaine dernière, nous allons simuler que l’on est en panne moteur et qu’il faut donc se poser, la pesanteur ayant vite fait de se rappeler à notre bon souvenir. Les actions à entreprendre sont importantes. Primo, rechercher la vitesse de finesse maximale, c’est-à-dire la vitesse de meilleur plané, soit encore la vitesse qui permet de franchir la plus grande distance. Le moteur arrêté (en fait, au ralenti, pour l’exercice), la vitesse diminue rapidement et j’affiche rapidement 60 kt en piquant et trime l’avion pour me libérer un peu l'esprit du pilotage. Deuzio, recherche de panne : le robinet du réservoir d’essence est dans la bonne position, la commande de richesse (mélange air/essence) est sur plein riche, les magnétos sont sur 1+2, la commande des gaz fonctionne ? Oui, bon, on est bien en panne. Il faut chercher un terrain accueillant.
Ma première recherche de terrain se base un peu trop sur l’exercice de la semaine dernière où j'avais l'aide du moteur et je cherche un champ trop loin compte tenu du vent. J’annonce mon choix et il faut se rendre à l’évidence que je ne l’atteindrai pas. Deuxième tentative. Alors que je suis en vol plané, mon instructeur me demande : C’est un avion, là-bas ?
Instinctivement, je regarde de mon côté en l’air pour chercher un éventuel trafic convergent. Non, en bas !
Et oui, effectivement, un DR400 est posé au bord d’un champ. L’atterrissage semble avoir été doux (je l’espère en tout cas…). Personne ni dedans, ni autour. Je continue mon exercice qui soudain prend tout son intérêt si jamais son utilité m’avait échappé. Un bel encadrement sur un champ comme celui-ci se solde sans dégât ni sur l’avion, ni sur l’équipage. Je n’atteins toujours pas le champ choisi en face de moi. Il faut se rendre à l’évidence, il va falloir prendre ses repères. Changement de tactique : je choisis les champs sur le côté. Mêmes procédures que pour l’IVV : MAYDAY à la radio, transpondeur sur 7700 et balise de détresse en marche (je l’avais oubliée celle-là, tiens), puis briefing passagers si on a le temps. Et là, ça marche bien, je me trouve en courte finale sur le champ. Remise de gaz à 50 m de hauteur comme d’habitude, où dans la vraie vie j'aurais dû couper toute l'électricité à bord.
On aurait normalement dû faire la séance autrement : gros briefing au tableau sur les exercices d’encadrement mais vu le vent, on a fait comme ça. Et comme démonstration, c’est réussi. Les schémas au tableau blanc n’auront que plus de sens la prochaine fois.
Après un passage par Ikea, je ne résiste pas à l’envie de faire voir à ma môman cet endroit où je viens passer une bonne partie de mon temps libre. Je la promène jusqu’au fond du hangar vers notre Morane 317 des années 30, fais voir la cellule de Piper pendue au plafond qui attend des ailes et un moteur, l’enchevêtrement méthodique d’ailes, d’empennages et autres hélices. Au passage, j’ouvre la porte de mon India X-Ray du matin. J’ai hâte de pouvoir emmener les gens que j'aime là-haut.
Notes
[1] on a les références cinématographiques qu’on peut…
Commentaires
J'ai un sentiment assez ambivalent. D'un côté, je trouve ça pas mal qu'on te fasse travailler les mesures d'urgence.
De l'autre, j'ai quand même l'impression que tu travailles SURTOUT les mesures d'urgence. Est-ce bien rassurant ?
"Venez les copains, je vous emmène en flap-flap. Ne vous inquiétez pas, j'ai appris à atterrir en catastrophe sans moteur et avec une aile en moins."
Je te jure, dès que tu peux emmener des gens, mets-moi sur la liste. Je te fais confiance pour préparer ton annonce "on va tous mourir" avant...
Haha je m'étais fais la même remarque que Pettouze :)
Quand j'ai appris à conduire, j'ai eu une leçon sur "changer un pneu et tout le toutim".
C'est comme si ton moniteur d'auto-école, après la 3è leçon, te disait :
- Aujourd'hui on va se bourrer la djeule, tu vas essayer de faire un créneau, bourré comme un coin
- Aujourd'hui, tu conduits de nuit à Juraland et tu demandes ton chemin. Objectif : ramener 50% des pièces de la voiture à l'arrivée.
- Aujourd'hui, on va demander à Rémi Julienne de découper la voiture en 2, et tu vas sauter un tremplin (après un démarrage en cote)
- Aujourd'hui, on va mettre plein de vieux sur les passages piéton, tu vas te jeter sur un lampadaire pour les éviter. Pense à prévenir les passagers et à vérifier l'airbag et la ceinture.
- Aujourd'hui, tes clignotants vont exploser, mettant le feu à la voiture, tu dois emmener la voiture chez Carglass avant que le pare-brise soit fendu, sinon CRAC !
- Aujourd'hui, ta mère veut que tu ramènes ses courses du BHV et t'oblige à écouter l'antologie de Frédéric François, tu dois tenir jusqu'à sa maison. Si tu oublies de faire tes controles en dépassant les voitures pour arriver plus vite, tu es recalé.
- Aujourd'hui, je vais lancer des vampires sur la route. Survis.
- Aujourd'hui, un élève pilote va atterrir sur ton toit sur l'autoroute, tu dois faire le plein de son navion sans quitter la route des yeux et avant d'arriver au péage.
En fait, ça me plait bien...
Là, on a fait le tour des pannes, hein ! Même si évidemment, on va continuer à travailler. La sécurité est beaucoup plus présente qu'ailleurs. Les check-list ou do-lists sont là pour que l'on soit sûr de ne rien oublier si la charge de travail est élevée (trafic ou pépin). En bagnole, qui fait le tour de sa voiture _à chaque fois_ pour au moins vérifier que les pneus ne sont pas à plat ? Quelqu'un qui monte dans son avion aura toujours fait le tour et inspecter visuellement sa trapanelle, et même ouvert le capot moteur. Evidemment, pour l'instant, ça fait déballage de "c'est pas une situation d'avenir"...
Samedi, si le temps le veut (i.e. terrain pas enneigé et pas de pluie verglaçante), j'irai me balader à Rouen. Si vous vous asseyez à côté, vous aurez juste à regarder et dire "oh, c'est beau, là-haut". Pendant ce temps, à gauche, votre serviteur va en chier des ronds de chapeau et vous infligera toutes ses cogitations dans un nouveau post. Mais j'ai signé. :-)
bé moi je trouve ca important d'apprendre tous les pbm qu'on peut avoir et comment les résoudre.
etk en parachute on apprend d'abord ca, un gros bout de la formation sur ce qui peut merder et comment le gérer.
ca rassure vachement, et d'façon si tout se passe bien y'a rien à y faire :p
etk je veux bien que tu me fasses le brief "crash" maintenant , des fois que t'ai pas le tps en l'air =)
Tiens, c'est marrant les probabilités. En avion, tout le monde te dira qu'avoir deux moteurs, c'est 2x plus de chance d'avoir une panne et d'être dans une situation à la con (vol disymétrique, etc.), alors qu'en para, t'en as deux, mais c'est 2x plus de chance de s'en sortir.
oui mais on sort pas les 2 en mm tps, sinon là c'est effectivement la grosse merde =)
et vas-y que je pilote la grosse voile en poussant la petite pour surtout pas que les 2 s'écartent et qu'on parte en autogyr!!